Il semble y avoir un consensus sur le fait que la bulle de l’IA va éclater. Nous pouvons même l’attendre avec impatience, car cela donnera à l’IA l’opportunité de se développer de manière plus constante et surtout plus durable. Idéalement, l’IA générative se transformera alors en IA régénérative : une technologie qui profite à l’homme et à la planète.
“Je pense qu’il faudra encore environ un an avant que la bulle de l’IA n’éclate”, nous confie Michiel Boreel en marge de la conférence Husqvarna Living City à Barcelone. Le CTO de Sogeti est présent pour exposer sa vision de la suite des événements. Il attend en tout cas l’éclatement avec un certain enthousiasme.
Je pense qu’il faudra encore environ un an avant que la bulle de l’IA n’éclate.
Michiel Boreel, CTO Sogeti
“La situation est comparable à la bulle internet”, dit-il. “Elle a éclaté, mais internet n’a pas disparu. Au contraire : une fois l’engouement retombé, le véritable développement a pu commencer.”
Solutions basées sur la nature
Boreel a préparé une présentation sur mesure pour la onzième conférence Living City de Husqvarna, qui est cette année placée sous le signe des solutions basées sur la nature. Ce sont des solutions et des innovations qui ne travaillent pas à côté ou contre la planète, mais qui incorporent justement l’environnement.
“Les solutions basées sur la nature sont des solutions qui utilisent les processus naturels et les écosystèmes pour faire face à des défis tels que le changement climatique, les pénuries d’eau et la perte de biodiversité, tout en améliorant simultanément le bien-être de l’humanité”, explique le professeur Thomas Elmqvist de l’université de Stockholm, et président du conseil de la biodiversité de Husqvarna.
Données satellitaires et IA
La ville de Barcelone tente d’adopter cette approche basée sur la nature. Marc Montello, Directeur de l’Environnement, de l’Énergie et des Données chez Barcalona Regional, explique à l’aide de données satellitaires l’état des espaces verts dans sa ville, où se trouvent les points sensibles et comment Barcelone essaie d’intégrer davantage de parcs et d’espaces verts.
Husqvarna utilise également ces données satellitaires et l’IA pour stimuler le développement vert des villes. Sur la plateforme Hugsi.green, l’entreprise analyse les données des satellites Sentinel 2 de l’ESA pour cartographier la verdure des villes. La méthodologie, qui selon Hugo van Bijsterveldt, Directeur de la Stratégie Globale, comprend également une composante d’IA, montre des statistiques et une carte claire, et permet de comparer les villes entre elles et de suivre l’évolution des espaces verts.
Pas besoin d’AGI
Boreel espère que le développement ira dans cette direction. “Aujourd’hui, les entreprises de la Silicon Valley travaillent sur l’intelligence artificielle générale. C’est selon moi le mauvais objectif de l’IA.” L’Intelligence Artificielle Générale ou AGI est une forme d’IA qui dépasse le cerveau humain flexible, et est aussi bonne ou meilleure que nous en tout.

Selon Boreel, l’intelligence d’une machine est fondamentalement différente de l’intelligence humaine, ce qui fait qu’il n’est pas judicieux de viser une IA meilleure que le cerveau. Les machines fonctionnent différemment, et c’est là que réside leur valeur.
IA régénérative
Il plaide pour une IA régénérative. C’est une forme d’IA qui est complémentaire à la pensée humaine et qui intègre l’intelligence de la nature. “Nous devons construire une synergie d’intelligence qui développe des systèmes auto-guérisseurs pour le bien-être du monde.”
Hugsi.green peut être un exemple à cet égard. Au Royaume-Uni, un autre projet (non lié à Husqvarna) est en cours, dans lequel la rivière Roding se voit donner une voix via l’IA. Ainsi, la rivière peut dire comment elle se sent, par exemple sur la base de données relatives à la pollution.

“La technologie n’est pas l’opposé de la nature, mais plutôt notre pont vers elle”, déclare également Segan Axelsson, directrice principale du cœur global chez Husqvarna. “Les données satellitaires et l’IA aident par exemple à identifier les problèmes.”
Résolvez-le avec une tondeuse à gazon
Husqvarna se voit également jouer un rôle dans la résolution de ces problèmes. Conformément aux solutions basées sur la nature et au rôle que Boreel envisage pour l’intelligence artificielle, les robots et l’IA jouent un rôle important.
Les robots, ce sont les robots tondeuses Automower de l’entreprise suédoise. Ils circulent dans le monde entier et peuvent faire beaucoup plus que simplement garder l’herbe courte. À partir de l’année prochaine, Husqvarna proposera un module caméra (optionnel) pour ses Automowers. Nous avons déjà décrit lors d’une précédente visite au siège de l’entreprise comment cette caméra, associée à une puce avec environ quatre TOPS, peut effectuer de la reconnaissance d’images.
À l’époque, nous avions vu un Automower éviter un hérisson en peluche sur une pelouse artificielle dans le centre d’innovation de Jönkoping. À Barcelone, un tout nouvel Automower 540 Epos évite à nouveau un hérisson artificiel, mais cette fois dans des conditions réalistes dans le Parc de la Ciutadella.

C’est déjà en soi une utilisation durable de l’IA : les Automowers aveugles sont apparemment assez mortels pour les bébés hérissons. Cependant, le potentiel est beaucoup plus grand. Ainsi, la caméra associée à l’IA peut découvrir des espèces de plantes invasives.
L’IA contre les plantes invasives
Lors de l’événement Living City, Husqvarna décerne un prix à une étudiante qui a développé un concept autour de cela. L’étudiante a déjà entraîné elle-même un modèle de vision par ordinateur pour détecter avec une grande précision les espèces de plantes invasives.
Les robots qui détectent de telles plantes peuvent transmettre la photo et l’emplacement aux gestionnaires. Ceux-ci peuvent alors s’attaquer aux plantes invasives et prévenir leur propagation à un stade précoce, avant que les espèces indigènes ne soient évincées. Les robots tondeuses dans les parcs peuvent jouer un rôle à cet égard, mais la technologie est beaucoup plus largement applicable. Tant qu’une caméra se trouve quelque part dans la nature, l’IA peut rechercher des espèces de plantes indésirables.
Dans sa vision ‘Strix’ pour 2033, Husqvarna, par la voix de Patrick Jägenstedt, directeur principal de la robotique, explique ce qui est encore possible. Pensez aux robots équipés de capteurs qui pénètrent dans le sol et peuvent mesurer les eaux souterraines, détecter la santé des cultures et plus encore.
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Combien de TOPS votre tondeuse à gazon possède-t-elle ?
Husqvarna se positionne comme un acteur capable d’offrir des solutions basées sur la nature au moyen de la technologie et souhaite apporter au moins une (petite) partie de la solution. Une électrification poussée du portefeuille s’inscrit également dans ce tableau.
Changement de paradigme
L’IA joue également un rôle chez le spécialiste des tondeuses à gazon. Cela s’inscrit à nouveau dans l’espoir que Boreel a pour l’avenir. Personne ne bénéficie d’une tondeuse à gazon plus intelligente qu’un être humain. Lorsque l’IA collabore avec l’homme et la nature pour améliorer l’ensemble de l’environnement, davantage est possible.
Boreel : “Un changement de paradigme s’annonce. Nous devons aller au-delà de la durabilité vers la restauration et la régénération. De ‘ego’ avec nous-mêmes au centre, nous devons évoluer via ‘eco’ vers ‘seva’, ou être au service de la nature.” Boreel croit fermement que l’IA peut jouer un rôle dans ce processus, mais pas sous la forme de la course vers l’AGI forcée par l’engouement. Que cette bulle de l’IA éclate donc et que l’engouement s’évapore, afin que l’IA sous forme d’IA régénérative puisse vraiment servir l’homme et la planète.