Le ministère américain de la justice tire un trait sur les projets d’acquisition de Juniper Networks par HPE. Selon le ministère, cette acquisition a affaibli la concurrence dans le secteur des réseaux.
Il y a deux jours à peine, nous écrivions que l’acquisition de Juniper Networks n’était pas encore une affaire conclue, et il semble maintenant qu’elle soit complètement compromise. Le ministère américain de la justice (DoJ) a annoncé dans un communiqué de presse qu’il souhaitait bloquer l’acquisition. Selon les représentants du DoJ, un rachat entraînerait une concentration encore plus importante dans le secteur.
Réduction de la concurrence
Le ministère de la justice invoque trois arguments pour empêcher l’acquisition, qui sont étroitement liés. Premièrement, une fusion entre deux acteurs majeurs du secteur réduit la compétitivité des autres. Ensemble, HPE et Juniper Networks formeraient une superpuissance qui rendrait la tâche très difficile à des concurrents tels que Cisco. Le DoJ craint que cette concentration de pouvoir soit associée à des prix plus élevés et à moins d’innovation dans les produits.
“HPE et Juniper Networks sont des entreprises prospères. Mais au lieu de continuer à rivaliser sur le marché des réseaux locaux sans fil, elles essaient de se consolider, ce qui accroît la concentration d’un marché déjà très concentré. La menace n’est pas théorique : de larges pans de l’économie américaine devront payer plus cher la technologie sans fil dont ils dépendent”, a déclaré Omeed Assefi, procureur général par intérim du ministère.
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En outre, le DoJ estime que l’acquisition est une tentative de HPE d’étouffer un concurrent dans l’œuf. Le communiqué de presse indique qu’avant qu’il ne soit question d’acquisition, HPE s’inquiétait de la “menace” que représentait Juniper : les vendeurs de HPE étaient invités à “achever” Juniper Networks. Le DoJ ne croit donc pas que l’amitié soit sincère.
Cette décision est surprenante, mais elle ne l’est pas vraiment. Bien que l’UE et le Royaume-Uni aient déjà donné leur feu vert à l’acquisition, il était clair que le ministère américain de la justice ne céderait pas. Au cours des derniers mois, des cadres de HPE sont venus à plusieurs reprises pour convaincre le ministère de donner son feu vert. Toutefois, une décision finale n’était attendue qu’après la nomination officielle de la nouvelle directrice du ministère de la justice, Gail Slater.
Des enjeux importants
Cette décision marque une étape importante dans les calculs de HPE. Entre-temps, l’intention d’acquérir Juniper Networks pour 14 milliards de dollars a été annoncée il y a un an. HPE a fait preuve de patience, mais a toujours exprimé son optimisme quant à l’issue de l’opération. Lors de l’événement HPE Discover en novembre, le PDG Antonio Neri et son collègue de Juniper Rami Rahim se tenaient encore fraternellement l’un à côté de l’autre sur la scène.
“Nous pensons que l’analyse de cette acquisition par le ministère de la justice est fondamentalement erronée. De nombreux éléments montrent que cette acquisition est favorable à la concurrence et que le secteur est caractérisé par une forte concurrence. Les allégations du ministère de la justice sont largement déconnectées du marché”, ont écrit HPE et Juniper Networks dans une déclaration commune publiée jeudi soir.
HPE est donc susceptible de faire appel de la décision, ce qui entraînera une bataille juridique longue et complexe. Les enjeux sont importants et le résultat servira de précédent pour les acquisitions futures.