L’Europe veut exclure Apple, Meta et d’autres grandes entreprises technologiques de la réglementation FiDA, qui régira l’accès aux données financières des clients des citoyens de l’UE.
L’Union européenne veut exclure les Big Tech de la réglementation Financial Data Access (FiDA). FiDA a pour objectif de créer un cadre pour le partage sécurisé des données financières des clients. De telles données sont généralement détenues par les banques. FiDA comprend une réglementation permettant de partager en toute sécurité les données financières avec des tiers. Cela doit permettre l’innovation et de nouveaux services dans le secteur financier.
FiDA sans gardiens
L’UE prévoit maintenant d’exclure les grandes entreprises gardiennes comme Google, Amazon, Apple et Meta de l’accès. Les gardiens sont de grandes entreprises, responsables de services de plateforme centrale ayant un impact important sur le monde numérique européen, comme défini par le DMA.
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Le projet de loi pour FiDA est sur la table depuis 2023 et devrait être finalisé dans quelques semaines. Le Financial Times a pu consulter un document révélant que l’Allemagne se joint à un appel pour exclure les Big Tech via la réglementation. Cela doit promouvoir le développement d’un écosystème financier européen et préserver la souveraineté numérique des clients.
Lobbying dans les deux sens
Le secteur financier fait un lobbying intense pour l’exclusion des géants technologiques américains et le Parlement européen a également rejoint le mouvement. Maintenant que l’Allemagne joue aussi la carte du protectionnisme, il y a de fortes chances que FiDA bloque effectivement l’accès aux soi-disant gardiens.
L’argument principal des opposants à l’accès FiDA pour les Big Tech est la crainte qu’ils abusent des données clients pour créer de la valeur principalement pour eux-mêmes. En persuadant les utilisateurs de connecter un service (bon marché ou gratuit) des Big Tech à leurs données bancaires, ils peuvent également exploiter les données financières en marge de la fourniture de ce service. Les habitudes de dépenses des utilisateurs sont très précieuses pour Google et Meta, qui gagnent la majeure partie de leur argent en vendant des publicités personnalisées.
Les entreprises technologiques font naturellement du lobbying pour l’inverse. Elles affirment que les clients seront lésés s’ils sont exclus. Elles prétendent que dans ce contexte, les Big Tech ne jouent pas le rôle de gardien, mais plutôt les banques. Celles-ci pourraient perpétuer leur rôle avec FiDA.
Innovation européenne vs. choix du client
Plusieurs considérations entrent en jeu. D’un côté, l’objectif de FiDA est précisément de permettre un écosystème européen de services et d’applications basé sur les données financières. Lorsque Google, Apple, Meta et d’autres grandes entreprises non européennes en profitent pleinement, la réglementation manque son effet. Dans ce scénario, l’UE aurait créé un cadre permettant une nouvelle forme d’enchevêtrement avec des services non européens.
D’un autre côté, l’un des piliers de FiDA est précisément le contrôle du côté du client. Le cadre oblige d’une part les prestataires de services financiers à permettre un accès complet à leurs données clients via une interface technique standardisée, mais les clients pourront décider entièrement eux-mêmes si des tiers obtiennent l’accès, lesquels et dans quel but. À cet égard, une entreprise technologique américaine n’obtiendrait l’accès aux données d’un client que lorsque ce client accorde effectivement l’accès.
Crainte de la domination du marché
Il semble maintenant que l’UE ne part pas du principe que les gardiens joueront le jeu équitablement avec l’accès FiDA. Ils ont un tel avantage sur le marché qu’il existe un risque qu’ils utilisent leurs positions monopolistiques pour conquérir le nouveau marché que FiDA crée, avant que les alternatives européennes puissent voir le jour.
Comment FiDA apparaîtra finalement reste à voir. Le texte final doit encore être approuvé par toutes les instances. Il est en tout cas frappant que tant le parlement que les États membres s’intéressent à l’exclusion des Big Tech, d’autant plus que cela irritera le président américain Trump. Celui-ci estime déjà que les entreprises américaines (pourtant extrêmement dominantes) devraient avoir un accès plus libre aux marchés européens. Il ne sera pas surprenant que le président ait déjà menacé d’imposer des droits d’importation.