Le marché belge des centres de données est en pleine croissance et attire de plus en plus d’acteurs internationaux. Selon la Belgian Digital Infrastructure Association (BDIA), le seul frein à la croissance actuelle est l’imprévisibilité des raccordements au réseau.
Le secteur belge des centres de données est à l’aube d’une nouvelle phase de croissance. C’est ce qui ressort du rapport
Colocation et hyperscale
Le marché se développe autour d’un mélange d’opérateurs de colocation et d’hyperscalers. D’ici fin 2026, la capacité combinée des deux segments dépassera la barre des 260 MW de puissance informatique, un bond en avant important après deux années d’annonces record. La colocation s’étend dans et autour de Bruxelles, tandis que les hyperscalers tels que Google étendent leur empreinte nationale avec de nouveaux campus en Wallonie.
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Cet équilibre rend la Belgique attrayante pour les acteurs internationaux qui souhaitent opérer à proximité des grands hubs FLAP (Francfort, Londres, Amsterdam et Paris), tout en ayant besoin d’une congestion plus faible, d’une meilleure prévisibilité et d’une forte interconnectivité.
La durabilité prend forme
Les centres de données belges accordent une grande importance à la durabilité. « L’industrie belge des centres de données est déjà fortement électrifiée, est l’une des premières à avoir introduit des sources d’énergie renouvelables et fait partie du Climate Neutral Data Center Pact (CNDCP), une initiative volontaire à l’échelle de l’UE qui oblige les opérateurs à être climatiquement neutres d’ici 2030 », selon le rapport.
Les centres de données belges rapportent des valeurs de Power Usage Effectiveness (PUE), une norme internationale pour mesurer l’efficacité énergétique des centres de données, comprises entre 1,2 et 1,4, tandis que les nouveaux sites sont conçus pour être encore plus efficaces. La récupération de chaleur continue de se développer pour devenir une norme à part entière : le campus de Google à Farciennes alimentera bientôt un réseau de chaleur local, tandis que des projets sont également opérationnels à Bruxelles.
Le refroidissement devient plus innovant et plus économe en eau grâce à des projets industriels de réutilisation de l’eau et à des boucles de refroidissement fermées. Parallèlement, les connexions flexibles et le stockage sur batterie permettent une meilleure coordination avec le gestionnaire de réseau, une évolution nécessaire maintenant que la consommation d’électricité est un facteur crucial.
Pression sur la qualité de l’infrastructure
L’IA est le grand catalyseur de la nouvelle croissance. Les centres de données se préparent à des densités de puissance élevées, au liquid cooling et à de nouveaux modèles énergétiques. Ce n’est pas l’espace, mais la puissance qui détermine le rythme.
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Le rapport le confirme explicitement : « La demande d’IA est réelle, mais le rythme de déploiement est entièrement déterminé par la disponibilité de l’électricité, et non par l’intérêt ou la technologie. » Le rôle de la Belgique en tant qu’antenne européenne de l’AI Factory renforce encore cette tendance. La demande d’infrastructures de haute qualité, fiables et évolutives augmente de façon exponentielle.
Les raccordements au réseau, principal risque
Le principal frein à la croissance ? Le calendrier des raccordements au réseau. Bien que la capacité de production soit suffisante sur le papier, les délais de raccordement effectifs constituent la principale incertitude pour les nouveaux projets. L’infrastructure qui doit acheminer l’électricité produite jusqu’à l’utilisateur final ne peut pas toujours absorber la capacité. « La Grid readiness est le goulot d’étranglement stratégique de l’industrie belge des centres de données. » Aujourd’hui, il a été annoncé qu’en Flandre, plus de 180 entreprises attendent un raccordement.
Sans accès prévisible au réseau, les décisions de construction sont reportées, le financement devient plus complexe et les contrats avec les clients sont plus difficiles à conclure. Les modèles de raccordement flexibles et les services énergétiques d’Elia offrent des perspectives, mais les opérateurs plaident pour plus de transparence et des délais d’exécution plus rapides.
La Belgique conserve des atouts solides
La Belgique se trouve à un moment charnière. Le secteur est en forte croissance, attire les investisseurs internationaux et se développe pour devenir une base d’infrastructure durable et prête pour l’IA pour l’ensemble du pays. Mais un élément déterminera si la Belgique peut exploiter pleinement son potentiel : des raccordements au réseau prévisibles, rapides et flexibles.
S’il est possible de résoudre ce problème, la Belgique a tout ce qu’il faut pour devenir l’un des hubs de centres de données les plus efficaces et stratégiques d’Europe, conclut le rapport.
